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Mémoires du territoire

De « Mémoires du territoire » à « Innu utinniun »

Le projet « Mémoires du territoire » a débuté en 2003 dans la communauté innue de Uashat mak Mani-Utenam, communauté constituée en deux lieux, près de la ville de Sept-Îles sur la Côte-Nord du Québec. En partenariat entre des universitaires et des Innus, ce projet expérimental visait à trouver des moyens qui permettraient aux membres de la communauté de définir et d'exprimer leur propre conception de la culture et, idéalement, d'inclure la culture au coeur du développement communautaire. Suivant d'abord la piste des liens qui unissent les Innus à leur territoire, et ainsi à leur histoire, la réflexion s'est élargie sur les conditions actuelles d'expression de la culture vivante innue et les moyens de la communiquer. Ayant adopté un nom dans leur langue, « Innu utinniun », le groupe est devenu un espace de partage, de questionnements et d'actions, où la transmission de la culture et l'avenir de la langue innue occupent une place fondamentale. ( Tout en continuant la réflexion au niveau de la communauté, les participants qui s'impliquent généreusement dans cette entreprise, chacun à leur manière et en s'encourageant mutuellement, développent des moyens créatifs pour identifier et transmettre leur culture. )

Un projet qui implique la communauté

Notre projet s'inspire des travaux de Paulo Freire, éducateur, réformateur et philosophe qui, dans les années 1960, a réussi à mobiliser les forces vives de la population du Brésil, dont une grande majorité était laissée pour compte par les dirigeants. Dans une application au domaine culturel, notre projet s'oppose à la pratique habituelle où des gens reconnus comme experts, le plus souvent extérieurs à la communauté, définissent la culture selon des critères universels, identifient les éléments qui se doivent d'être reconnus et préservés et les imposent à la population. Dans l'approche proposée, les membres de la communauté sont compris comme des « experts d'usage ». Hugues de Varine, qui assiste notre démarche, a mis de l'avant ce concept afin de valoriser l'expérience des principaux acteurs et usagers et de reconnaître le rôle primordial des gens d'une communauté dans la définition, l'utilisation et la perpétuation de leur propre culture.

La formation d'un groupe de réflexion

La première année du projet a permis, avec la collaboration de Réginald Vollant, la formation d'un groupe de réflexion incluant une représentation équilibrée des membres issus des deux entités de la communauté, soit Uashat et Mani-Utenam. Cette base de travail fut considérée comme une réussite, notamment pour cette représentation équilibrée des forces en présence et également parce que la réflexion se situait à un niveau culturel très large, au-delà des divergences politiques, sociales et économiques, et parce qu'elle faisait appel à une participation bénévole et communautaire. L'ensemble a permis chez les participants l'expression d'une fierté, une évocation et une façon de renouer avec l'entraide et le partage, qui, se rappelle-t-on, étaient autrefois pratique plus courante. Au cours des ans le groupe, toujours ouvert à sa communauté, s'est agrandi et remodelé. Les rencontres, qui ont souvent pris la forme d'un partage d'expériences autour d'un café, parfois à l'occasion d'un bon repas, ont permis de mettre en commun les aspirations, les rêves et les espoirs de chacun. Elles ont également permis de se questionner sur les enjeux fondamentaux de la culture et de sa transmission, et sur les méthodes pour y arriver. Elles ont aussi fourni l'occasion d'établir la nature et l'utilité de la collaboration avec des universitaires qui eux aussi s'interrogeaient sur cette question.

L'expérimentation

Dans la constitution et l'expression de la culture par les communautés, la notion de territoire est fondamentale. Un grand nombre des méthodologies développées pour permettre à une communauté de définir et de représenter sa culture sont basées sur les liens qui l'unissent au territoire, à son histoire et à sa façon actuelle d'être en relation avec lui. L'histoire coloniale de la spoliation du territoire des Autochtones et de la réduction en réserves, ainsi que la situation actuelle non résolue ont obligé à penser différemment notre approche.

Une façon de faire à inventer

L'adaptation de la méthode a pris forme à l'intérieur du groupe de réflexion par l'identification, par chacun des participants, de dix éléments significatifs pour lui, pour sa famille, pour son groupe. Il pouvait s'agir d'un évènement, d'une personne, d'un lieu, d'un objet, d'une relation, d'une valeur, d'une recette de cuisine ou de souvenirs. Quelques rencontres ont ensuite permis de procéder à une mise en commun de tous les éléments identifiés et à leur regroupement selon des ensembles significatifs. Afin d'intégrer des éléments importants pour tous les groupes de la communauté, les participants au premier cycle des rencontres animent des exercices semblables avec des groupes de jeunes, de gens plus expérimentés, parfois plus âgés, d'autres qui auraient pu être marginalisés.

L'exposition et la création comme moyen de conscientisation, d'expression et de partage

Au terme de cette collecte des éléments importants et des discussions entourant leur regroupement en ensembles significatifs, il est important de diffuser l'information recueillie par les différents groupes. L'idée est de favoriser l'interaction et la participation d'un nombre toujours plus grand des membres de la communauté. Des expositions destinées à des publics toujours plus élargis ont eu lieu, d'autres sont à venir. La mise en forme des idées et la mise en espace par leur exposition créent de nouveaux questionnements et nécessitent de nouveaux consensus sur les modes de représentation.

Les partenaires institutionnels du projet, qui sont majoritairement des musées de communautés autochtones, portent un intérêt particulier à la démarche, certains s'engageant plus avant dans cette voie participative et communautaire.

L'inventaire participatif

En parallèle aux activités de partage et de réflexion du groupe « Innu utinniun », toujours grandissant, nous avons entrepris en 2006 de réaliser un inventaire à plus grande échelle. Dans cette démarche participative, ce sont des membres de la communauté, formés tout spécialement à cette tâche, qui réalisent eux-mêmes l'inventaire, en notant et en illustrant par des photographies les informations recueillies chez les membres de leur famille, de leur groupe élargi et, éventuellement, de toute la communauté.

Texte signé : Élise Dubuc, avec la participation de France Tardif Printemps 2007

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